Orc of the Severed Hand - Shaman / Grenadier

Enamel et Acrylique sont dans un bateau...

Faisons le point sur la composition de notre troupe de neuf orques d'élite : elle se compose de six guerriers, d'un porte-étendard, d'un chef... et d'un shaman.

Sa figurine est extrêmement riche en détails, avec la panoplie de gris-gris, bijoux et colifichets. Il tient dans une main une arme à deux pointes et menace avec son autre main avec un doigt griffu. Quand sa tribu a découpé et dévoré le dragon et gardé une patte en trophée, ce petit malin aurait-il prélevé ce doigt sur l'autre main afin de s'autoproclamer sorcier ? L'histoire ne nous le dit pas.

Vous retrouvez sur cette figurine deux techniques dont je vous ai déjà parlées : la peinture du crâne à base de Zandri Dust et son pagne peint en Grey Seer avec un shade de Seraphim Sepia pour chacun.

Quant à l'or, j'utilise en général le pot Retributor Armor. Le résultat est souvent trop brillant, un shade de Reikland Flesshade le rend plus mat et plus chaleureux, le rendant un peu rougeoyant ou ambré. J'ajoute ensuite quelques reflets plus clairs avec le layer Gehenna's Gold.

Cette figurine fait partie du lot de huit orques (sans la bannière ni la boîte et avec un orque manquant) acheté sur Leboncoin. Je l'ai une deuxième fois, achetée avec le lot de Grenadier des USA et j'en profite pour vous montrer ce qu'est une peinture "à l'ancienne", c'est-à-dire ce que je faisais quand je débutais dans les années 80 :

Si on observe attentivement cette figurine et en faisant abstraction de son usure, on remarque que derrière, son pagne bleu est brillant : c'est typique de la peinture Enamel. Quand j'ai commencé à acheter et peindre des figurines au milieu des années 80, je n'avais pas accès aux peintures acryliques. Donc nous peignions tous à l'Enamel pour maquette : nous achetions ces petits pots en métal, de la marque Humbrol ou Heller (souvent au Petit Capitole de Montauban). Elles étaient à base de solvant et séchaient lentement, il fallait nettoyer les pinceaux au White Spirit et elles existaient en mat ou brillant. Si on ne faisait pas attention, les magasins vendaient surtout du brillant : ça plaît au début, mais on s'aperçoit vite que ce n'est pas du tout réaliste.

Continuons à observer cette figurine : son casque en os est peint en blanc, classique du travail du débutant (et je me permets de le dire, car je faisais bien évidemment pareil !). La fourrure n'a reçu aucun brossage ni lavis, rien ne fait donc ressortir ses poils. Or, c'est une des premières techniques que l'on acquiert et que l'Enamel permettait sans problème. Ici, il aurait fallu diluer un marron plus sombre (ou mélanger d'abord le même marron avec du noir) avec du White Spirit et passer le liquide obtenu sur toute la fourrure. Ensuite (mais bien une heure après, au lieu de dix minutes avec de l'acrylique), il restait à tremper le pinceau dans un marron plus clair, le sécher sur du papier absorbant et brosser la fourrure avec.

La peau n'a elle aussi reçu qu'une couche de peinture et j'ai déjà expliqué que notre petite figurine ne capte pas la lumière autant qu'en grandeur nature. Un shade et des layers feraient ressortir les muscles. Plutôt que des layers, nous brossions allègrement pour éclaircir : ça marchait bien, mais donnait toujours un grain poussiéreux à nos surfaces. Parfois cela donnait un bel effet de texture, comme certains tissus ou de vieux ossements, mais parfois cette technique n'était pas très adaptée...

Quant au métal, nous avions vite appris à passer un lavis de noir pour ternir les peintures métalliques et les rendre plus réalistes : cela n'a pas été fait ici non plus. Nous avions commencé à le faire sur les cottes de mailles, pour faire ressortir les anneaux, puis sur la plupart des armures.

Et le socle est simplement peint en vert gazon, ce n'est pas vraiment du soclage. Ici aussi, nous faisions l'effort d'essayer un rendu plus réaliste des socles en appliquant plusieurs nuances de vert ou de marron pour simuler le sol.

Nous voyons là la première étape de quelqu'un qui s'est mis à la peinture avant l'arrivée des acryliques : il utilise de l'Enamel et s'applique à ne pas déborder et bien peindre les différents éléments de la figurine. Il ne se demande pas si ça brille ou si c'est mat, si c'est vraiment réaliste ou pas. Mais tout ça ne va pas l'empêcher de s'éclater pendant des heures dans des parties de jeu de rôle et au final, c'est ça le plus important !

Quand le Korrigan, premier magasin de jeux de rôle à Montauban, s'est implanté (brièvement) en 1987, nous avons eu accès aux peintures acryliques, mais seul Jean-Philippe s'y est mis, car il était assez doué et passionné pour que cela justifie un énorme investissement financier pour s'équiper de nouveau avec une gamme de couleurs conséquente. Nous avions mis des années pour nous constituer petit à petit une palette variée en peintures Enamel mates ou métalliques, remplacer tout ça par de l'acrylique aurait coûté trop cher. Il m'aura fallu une trentaine d'années pour me mettre à l'acrylique ! Elle n'a pas d'ailleurs que des qualités : si on a inventé la technique de la palette humide, c'est parce qu'elle sèche parfois trop vite. Elle a aussi un pouvoir couvrant plus faible. Mais elle a par ailleurs tellement d'avantages : à base d'eau, donc facile à nettoyer et à diluer, sans odeur forte, un aspect satiné plutôt agréable et réaliste. Rares sont les peintres qui abandonnent l'acrylique pour se remettre à l'Enamel !

Next : le dernier orque, celui qui me manquait !